Lundi 23 octobre 2006: premier jour au Népal

Nous arrivons à 7h 5' locales à Kathmandu. Le vol depuis Paris a été agréable et la transit à Doha au Qatar pas trop pénible. Le vol se faisant de nuit, nous n'avons aperçu la chaîne himalayenne qu'au petit matin. Nous avons pris le visa sur place pour un coût de 25 euros et surtout une heure d'attente.

L'accueil est très agréable avec des colliers de fleurs offerts par notre guide Dorjee Sherpa et un pot de bienvenue à l'hôtel, le Yak & Yeti. Après un court discourt sur le déroulement du séjour et un jus de fruit de bienvenue, nous avons le reste de la journée de libre.

Avec Dorjee nous visitons la ville qui célèbre les fêtes de fin d'année. La ville apparaît délabrée, poussiéreuse et polluée. Il n'y a quasiment pas de voitures, contrairement aux motos qui pullulent. Le code de la route semble inexistant ici, le klaxon le remplaçant tout aussi efficacement. Malgré la fréquentation plus faible des rues à cause des fêtes du nouvel an, il y a beaucoup de monde en ville. Nous sommes sollicités régulièrement par les népalais les plus jeunes. Ce premier contact avec Kathmandu n'est pas très positif, peu être à cause de la fatigue du voyage ou du contraste avec nos villes occidentales.

Mercredi 25 octobre: transfert à Besi Sahar

Besiasahar est la dernière grande localité sur la rive de la Marsyandi. Elle est distance de Katmandou d'environ 170 km et il faut compter au moins 5 heures de trajet en bus. Nous avons de la chance car il n'y a pas trop de circulation. La route que nous empruntons mène à Pokhara et en Inde. Comme à Katmandou la circulation est anarchique pour un occidental.

Nous faisons un arrêt dans un village et nous rencontrons pour la première fois les maoistes. Très jeunes (ce sont à peine des adolescents) et non armés, ils chantent et dansent pour récolter des fonds. Nous n'avons pas été mis à contribution pour leur "cause". Les maoistes entretiennent une armée d'environ 100 000 hommes. Cette armée serait en mesure de prendre le contrôle de Katmandou très rapidement. Après les fêtes de fin d'année qui se terminent, les négociations entre les différents partis politiques, maoiste inclus, vont reprendre pour décider de l'avenir politique du pays après les événements de ce printemps. Le plus gros problème est le sort à donner à l'armée parallèle maoiste.

Lorsque nous quittons la route qui mène en Inde pour rejoindre Besi Sahar, nous prenons un semblant de route plus étroite et bien moins entretenue. Quelques frayeurs égayent le trajet: heureusement que le conducteur connait très bien son affaire ! le sirdar et notre cuisinier nous accompagnent dans le bus, le reste de l'équipe népalaise nous attendant à Besi Sahar. Le sirdar est le chef et responsable de toute l'équipe népalaise (sauf le guide) et notre cuisinier fera ou supervisera les repas préparés dans les lodges. En plus du sirda et du cuisinier, l'équipe est constituée: de 4 sherpas ou assistants, qui marcheront avec nous et s'occuperons de nous, et de 11 porteurs qui porteront nos sacs (deux par porteurs) et l'équipement collectif. De plus plusieurs ethnies népalaises sont représentées: des sherpars (notre guide en fait partie), des lamas et en grande majorité des tamons (l'ethnie du sirdar).

L'après-midi nous avons quartier libre. Nous visitons Besi Sahar qui comporte 5 à 6000 habitants.Une large artère principale goudronnée partage la ville. De l'artère partent des rues ou chemins en terre. Pendant la visite nous amusons involontairement un groupe d'enfants de 5 à 6 ans. La raison nous restera inconnue: nos chaussures, nos lunettes de soleil ou simplement le fait d'être occidental ? Plus tard c'est le tour à deux népalaise de rire de moi. Ici encore les népalaises portent des étoffes superbes. Les drapeaux à prières commencent à être plus nombreux.

Jeudi 26 octobre: Besi Sahar à Nadî Bazar

+535 m / -395 m

Beau temps dès le matin pour ce premier jour de marche. La nui a été un peu bruyante, le patron de la lodge étant un peu bruyant et éméché. Heureusement, Dorjee a rapidement mis fin à ces chants nocturnes.

Besi Sahar est tout en longeur et sortir de la ville nous prend un peu de temps. Dès la sortie la route goudronnée se transforme en une piste de terre plus ou moins carrossable. Nous suivons la riviè Marsyandgi Nadi qui est large et avec beaucoups de courant et de rapides. Les rizières sont omniprésentes. Puis au détour de la piste nous apercevons enfin les sommets enneigés de l'Himalaya. Dès 9 heures du matin ces sommets se cachent derrière les nuages, et le bourgeonnement nuageux continue toute la journée.

La piste croise de nombreux hameaux d'une dizaine de maisons. Nous traversons notre premier pont suspendu fait de cables en acier et de planches: c'est le premier du longue série ! Nous faisons une pause déjeuner au petit village de Bhulbhule Durant la journée nous croins des porteurs et des convois de mules. Ces dernières vont ou reviennent des Manang qui n'est approvisionnée que par ce moyen. Quelques trekkeurs accompagnés de leurs porteurs nous croisent.

Nous arrivons à l'étape du jour à Nadî Bazar. Le village est sur la rive gauche, tout en longueur avec une rue centrale empierrée. Nous logeons à la lodge Minia. Les chambres sont pour deux à l'étage dans une construction en bois. Comme hier soir les moustiques s'invitent pour la nuit.

Vendredi 27 octobre: de Nadî Bazar à Jagat (1295 m)

+880 m / -455 m

Dès 5 heures du matin le village s'éveille et les premiers convois de mules passent. Le réveil est normalement à 7 heures mais la majorité du groupe est levé entre 6 heures 30 et 7 heures. Comme nous nous sommes couchés la veille entre 20 et 21 heures, nous avons eu une bonne nuit de sommeil. Dès que nos sacs sont prêts, nous les sortons de nos chambres et nos porteurs les prennent pour préparer leurs charges et partir avant nous. Vers 7 heures et quart nous prenons le petit déjeuner. Il est constitué de thé noir ou de café hyophilisé, de toasts et d'une fine omelette. Puis nous partons à huit heures. Ub sherpa ouvre la marche, parfois en compagnie de Dorjee, et les autres se répartissent tout le long de notre groupe, avec toujours un ou deux qui ferment la marche. Chacun marche à son rythme. Des courtes pauses sont faites à peu près toutes les heures. A midi nous retrouvons le cuisinier qui nous a préparé le jus d'orange chaud pour attendre le déjeuner. La pause déjeuner est longue, presque deux heures, ce qui permet de manger tranquillement et de reprendre des forces. A l'arrivée de l'étape vers quinze heures un thé et quelques petits gâ:teaux nous attendent. La nuit tombe tô:t vers dix sept heures trente. Le repas du soir est pris vers dix neuf heures. Et la journée se termine peu après vingt heures.

Aujourd'hui la piste s'est retrécite en un sentier qui n'est plus praticable par les camions. La journée est belle comme la veille avec environ 30°C dès dix heures et des bougeonnements de nuages sur les collines qui surplombent à l'ouest la Masyangdi Nadi. Peu de temps après le départ le sentier monte franchement pour atteindre Bahundanda où nous faisons une longue pause. Toutes les pentes environnantes sont exploitées pour la culture du riz. Comme Nadi, la rue principale de Bahundada est empierrée.

Puis nous continuons tout en croisant régulièrement des convois de mules qui sont parfois génantes. Ainsi avant d'arriver à Ghermu pour la pause déjeuner, nous rattrapons un convoi que nous ne pouvons pas doubler car le sentier est trop étroit. Au menu du déjeuner, une sorte de fougasse de farine de riz accompagnée de choux cru, de pommes de terre et d'une sorte d'épinard. Le dessert se résume à une barre de chocolat.

Après Ghermu nous redescendons pour traverser la Marsyandgi Nadi Nous remontons ensuite pour aller à Jagat. La rivière se rétrécit et la gorge devient plus encaissée. Le sentier surplombe la gorge, parfois de manière un peu vertigineuse, mais dans ce cas une rembarde est là.

Samedi 28 octobre: de Jagat à Dharapani

+1080 m / -450 m

Peu après le départ nous rattrapons l'un des porteurs ce qui est surprenant car ils partent bien avant nous et marchent plus rapidement. Il est seul, assis, déchaussé et a les deux pieds enflés. D'après Dorjee il devait avoir ce problème depuis le départ et n'a rien dit. La décision est rapide: il nous quitte et redescend tout seul dans la vallée. Sa charge est transportée par nos sherpas à tour de rôle. Pour la suite du trek elle sera répartie parmi les porteurs restants.

Peu après nous faisons notre deuxième rencontre avec les maoïstes. Ils ont établi un point de contrôle pour les trekkeurs. Comme le gouvernement népalais ils font payer un "permis de trek" dont le montant est d'environ cent roupies népalaises (un peu plus d'un euro) par trekkeur et par jour. Notre guide Dorjee s'occupe de tout et notre seul contact avec les maoïstes se résume à leur demander l'autorisation de les photographier, ce qu'ils acceptent gracieusement.

Les cultures de maïs remplacent peu à peu les rizières. La journée ressemble à un dépar en week-end mais des embouteillages de convois de mules, d'un gros troupeau de chêvres et de groupes de trekkeurs. Jusqu'à Tal la vallée reste très encaissée. Les cultures de riz ont disparu et on retrouve les paysages de nos Pyrénées avec de l'herbe parsemée de cailloux et des arbres accrochés on ne sait comment aux parois. Puis un verrou bloque la vallée. La Marsyangdi Nadi le descend en une belle cascade. Au pied se trouve le traditionnel "tea shop" et pour la première fois des plants de chanvre indien.

Passé le verrou nous entrons dans une large vallée alluvionnaire avec Tal (1700 m) sur la rive gauche avec une surprenante "plage" de sable blanc à l'entrée du village. Le paysage est très différent des jours précédents car c'est le premier village depuis le départ qui est au fond d'une large vallée. Autre nouveauté, quelques maisons ont des pelouses et de jolis parterres de fleurs. Enfin des cascades aux alentours embellissent le paysage, qui n'en avait pas besoin ! Nous faisons notre pause déjeuner à Tal.

Pendant le déjeuner la météo change avec l'arrivée de nuages et de quelques rares gouttes de pluie. La température baisse et devient plus agréable pour marcher. Au fur et à mesure que nous remontons la vallée de la Marsyangdi Nadi, cette dernière rétrécit pour redevenir très encaissée. Toute la journée le sentier s'est élevé régulièrement. Par endroits il y a de courtes descentes et remontés;, notament avec quatre traversées de la rivière sur des ponts suspendus.

Darapani ???

Dimanche 29 octobre: de Dharapani à Chame (2625 m)

+1080 m / -235 m

La journée est plus tranquille que la veille, avec moins de mules et moins de trekkeurs. Les villages et hameaux sont moins nombreux que les jours précédents. Le sentier monte régulièrement et tranquillement sans les traversées de la Marsyangdi Nadi. Au détour du sentier nous découvrons au loin l'Annapurna II (7937 m). Le paysage est désormais montagnard.

Après Danakyu prenons la variante au sud pour monter à Timang (2270 m). La montée est dans la forêt et rude. A Timang nous faisons la pause déjer, dehors et sous le soleil avec une superbe vue sur le Manaslu (le huitième plus haut sommet du monde, à 8163 m) et le Pic 29. Nos porteurs sont là et ont déjà déjeuné. Avant le déjeuner Dorjee nous explique que le sentier direct que nous avons abandonné n'est pas praticable car le sentier est en construction: des glissements de terrain et des chutes de pierres rendent dangereux cet itinéraire. Indépendamment cette explication, la vue sur le Manaslu depuis Timang vaut vraiment le détour et la suée de la montée.

Pendant le déjeuner nous avons une conversation sur l'alpinisme et l'Everest. Chaque année il y a une trentaine d'expéditions côté Népal et environ soixante-dix côté Tibet. L'ascension est moins difficile et moins chère depuis le Tibet et pour les alpinistes puristes l'ascension de l'Everest depuis le Tibet ne compte pas ... Il faut compter environ 200 000 dollars US pour une expédition à cinq avec porteurs et un sherpa pour chacun. Chaque sherpa doit avoir une bouteille d'oxygène et chaque alpinistes doit en avoir trois, une bouteille pesant sept à huit kilos et coûtant environ 1200 dollars US. Le plus souvent le sherpa porte sa bouteille et les deux de son client, ce dernier portant sa troisième sur le dos. Chaque sherpa essaye de faire l'ascension sans utiliser sa bouteille afin de la revendre au camps de base. Enfin tous les sirdars au camp de base se concertent et s'entraident, se prêtant par exemple des sherpas ou se coordonnant pour faire la trace. Le fils de notre cuisinier est le plus jeune sherpa à avoir gravi l'Everest. Dorjee n'a jamais gravi un 8000. A l'écouter au delà de 7000 mètres la montagne n'est plus faite pour l'homme et devient trè dangereuse.

Après la pause déjeuner le vent se lève et rafraichît l'atmosphère. A l'ombre dans la forêt il fait même froid. Nous arrivons dans l'après-midi à Chame qui est la capitale du district de Manang. Le village est situé sur les deux rives de la Marsyangdi Nadi avec à l'entrée des moulins à prières: nous quittons peu à peu le Népal hindouiste pour rentrer dans le Népal bouddhiste. De Chame et même avant la vue sur l'Annapurna II est magnifique et il est difficile de marcher la tète en l'air pour admirer ce sommet !

Lundi 30 octobre: de Chame à Lower Pisang (3200 m)

+730 m / -205 m

Le réveil a été très doux: la lodge étant à la sortie du village nous n'avons eu aucun bruit jusqu'à six heures du matin. Encore une journée de beau temps qui s'annonce, avec un petit vent frais. Le départ est très tranquille avec le sentier assez large en sous-bois sur la rive gauche de la Marsyangdi Nadi. Il reste sensiblement à niveau et est trè agréable. A dix heures nous faisons une pause à Bhratang (2850 m). Jusqu'ici nous avons encore une vue superbe sur l'Annapurna II.

Après Bhratang nous changeons encore une fois de rive via un pont suspendu. A notre droite une immense dalle quasi plane s'élève, la Swargadwari Danda. Aprè le pont suspendu le sentier monte franchement pour rejoindre un agréable sentier en sous-bois tapissé d'épines de pins. S'il n'y avait pas la vue sur l'Annapurna II et l'altimètre indiquant plus de 3000 mètres on se croirait presque dans une de nos forêts alpines. A Dhikur Pokhari (3060 m) nous nous arrêtons vers midi pour la pause déjeuner. Au menu: grand soleil, jus d'orange chaud en apéritif, pâtes accompagnées de quelques légumes cuits et de bacon, une barre de Mars et du thé noir.

Après le déjeuner nous rejoignons Lower Pisang en une petite heure de marche dans une grande vallée glacière. La forêt est constituée de pins aux très longues aiguilles très souples et pas piquantes. Cette étape est pour l'instant la plus belle et la plus agréable, avec l'arrivée sur Pisang magnifique. Au-dessus de Lower Pisang se trouve Upper Pisang (100 à 200 mètres plus haut). Upper Pisang est l'ancien village mais il est situé au-dessus du sentier du trek. Aussi Lower Pisang a été construit plus récemment pour accueillir les trekkeurs. De Lower Pisang la vue sur l'Annapurna II est encore et toujours superbe, et le Pisang Peak (60XX mètres) au nord s'invite. Une fois arrivés et après avoir pris poccession de nos chambres, nous montons à Upper Pisang. Dans Upper Pisang les drapeaux à prières ornent toutes les maisons. Au-dessus du village un temple bouddhiste a été construit très récemment. L'intérieur est superbe avec tous les murs décorés de peintures aux couleurs très vives. Trois grandes statues font face à l'entrée avec de gauche à droite:

    Guru Rinpoche (ou Padmasambhava) reconnaissable à son bâton orné de trois crânes embrochés.
    Au centre le bouddha historique Siddhartha Gautama qui est assis en position du lotus, la main droite vers le bas.
    Maitreya le bouddha à venir (dans 2400 ans), qui est reconnaissable à sa couronne; il est habituellement assis sur une chaise pour indiquer symboliquement qu'il n'est pas encore arrivé sur terre.
Des trois statues c'est celle de Guru Rinpoche qui est la plus impressionnante. Dorjee nous raconte sa vie: Guru Rinpoche est nait au Pakistan et a tué de nombreux mauvais esprits. Il avait le pouvoir de se transformer en n'importe qu'elle forme. On trouve sa statue dans tous les temples des bonnets rouges qui sont les bouddhistes traditionalistes anciens (à l'opposé les bonnets jaunes ont été plus tard et l'actuel Daïli Lama fait partie de cet ordre).

Le soir au dîner nous avons l'habituelle soupe en entrée. Puis nous avons la surprise d'avoir une "pizza". Après quelques bouchées la garniture se révèle très bonne mais la pâte est très épaisse et à la texture d'un gros pancake. L'ensemble n'est pas mauvais mais est très bourratif. Nous ne sommes que trois à la finir et nombreux parmi nous avons eu du mal à la digérer. Cette pizza népalaise a été par la suite un sujet de discussion amusant.

Mardi 31 octobre: de Pisang à Manang

+850 m / -500m

Deux chemins sont possibles pour rejoindre Manang:

Nos porteurs empruntent le chemin direct tandis que nous et notre cuisinier prenons l'autre rive. Le début du chemin est très agréable dans une forêt clairsemée et sous un beau ciel bleu. Malgré la gelée de la nuit il fait bon au soleil. Puis le sentier s'élève ce qui nous réchauffe encore plus. Nous laissons sur notre droite Ghyaru, petit village accroché sur le versant ouest du Pisang Peak. Le sentier monte ensuite franchement en lacet jusqu'à environ 3600 mètres d'altitude. La vue sur la chaîne des Annapurna est à couper le souffle, qui est effectivement court mais pas pour cette raison ! Le groupe s'éclate en plusieurs morceaux et chacun monte à son rythme. Les sherpas continuent à jouer les nounous: dès que l'un de nous s'arrête l'un d'eux s'arrête aussi et attend le ou la retardataire. En haut de la montée un shorten nous accueille et comme d'habitude nous le dépassons par la gauche. Juste après nous trouvons un tea shop om nous faisons une pause de quelques minutes.

Nous continuons jusqu'à Nawal. A l'entrée du village nous découvrons notre premier troupeau de yacks. Des fermiers sont en train de terminer de dépecer un yak et nous plaisantons en espérant que l'on nous servira ce soir au diner. Puis nous longeons un long mani, long mur de pierre avec des moulins à prières ou des plaques de pierres gravées. Les maisons sont construites en murs de pierres plates empilées et liées avec de la terre. De Nawal la vue est imprenable sur l'Annapuran III et le Gangapurna. Nous déjeunons à l'abri, le vent d'est s'étant levé et soufflant fort. Au menu: jus de citron chaud en apéritif, riz et légumes cuits, une pomme et une barre chocolatée.

Dès que nous repartons nous redescendons dans la vallée. Le vent continue à souffler et il soulève une poussière désagréable. Le paysage est contrasté avec à gauche les hauts sommets enneigés des Annapurna et à droite un paysage digne d'un western de Sergio Leone avec des couleurs dominantes ocres et des falaises très dentelées et déchiquetées. Nous croisons des manis isolés, perdus en pleine nature. Il est surprenant de voir encore de la végétation et ce jusqu'à 4000 mètres environ. A Bhraka nous nous arrêtons pour visiter un monastère bouddhiste perché sur une paroi montagneuse avec en arrière plan le Chulu East (6429 m).

Nous arrivons en fin d'après-midi à Manang. Le village est important et nous allons y passer deux nuits. La lodge est confortable et agréable. Au dîner nous avons ka surprise d'avoir du yack rôti accompagné de frites et de petits légumes, plus une bouteille d'un vin rouge espagnol apportée par notre guide Dorjee. La viande de yack a un goût fort mais excellent. Des chants tibétains constituent le fond sonore musical et contribuent à l'ambiance détendue de cette fin de soirée.

Mercredi 1er novembre: journée de repos à Manang

C'est la Toussaint et hasard du voyage nous sommes aussi de repos aujourd'hui pour mieux nous acclimater à l'altitude. Ce matin pour la première fois nous ne nous levons pas sous un beau ciel bleu: quelques nuages voilent le ciel. Après le petit déjeuner nous partons en balade voir le glacier du Gangapurna. Bien entendu tous les sherpas nous accompagnent et plus surprenant quelques porteurs aussi. Seul Daniel atteint de quelques soucis intestinaux reste à Manang pour se retaper. La montée se fait « bistaré » (lentement en népalais). Au point de vue sur le glacier nous trouvons l'inévitable tea shop ainsi qu'un shorten. Le sens du commerce est d'ailleurs très développé car il est possible d'acheter à boire ou à manger à crédit, et la note sera ensuite réglée directement à la lodge une fois redescendu. Le glacier du Gangapurna est impressionnant avec ses séracs très visibles et une hauteur de front de glace d'une trentaine de mètres. Nous sommes une petite partie du groupe à reprendre la montée. Nous continuons jusqu'à environ 3900 mètres près d'un autre mât à prières. Les vues sur la vallée de Manang et le Chulu derrière sont imprenables. Et nous voyons au loin le Thorong Peak (6201 m) sans apercevoir le col que nous espérons passer les jours prochains. Nous redescendons tranquillement pour rejoindre Manang en fin de matinée.

L'après-midi est libre. J'en profite pour faire une sieste récupératrice. Nombreux sont ceux qui font une lessive pour enlever la couche de poussière des jours précédents. Hélène et Robert ont été plus malins car ils avaient porté à laver leur vêtements la veille dans une « laverie » et ils n'ont eu qu'à les récupérer cet après-midi. Au dispensaire médical des médecins donnent une petite conférence sur le mal des montagnes et certains y assistent, charge à eux de nous faire un compte-rendu le soir. Il est possible aussi de faire quelques emplettes utilitaires (papier toilette, ...) et touristiques (drapeaux à prières, ...) aux nombreuses échoppes. Un cyber café permet de téléphoner en France mais je préfère l'envoi de mails pour donner de mes nouvelles à ma famille. La fin d'après-midi se passe tranquillement et la journée a été très agréable et reposante.

Jeudi 2 novembre: de Manang à Ledar

+745 m / -85 m

Au matin le temps est incertain. Nous reprenons le rythme des journées de marche précédentes. A la sortie de Manang la montée est douce et assez régulière. Malheureusement le ciel est nuageux et le massif de l'Annapurna est caché. Plus tard dans la matinée quelques coups de tonnerre lointains agrémentent la marche. Le temps se couvre franchement et quelques flocons de neige font leur apparition. Le paysage devient montagneux avec une flore de plus en plus rare constituée uniquement de quelques arbustes.

Nous arrivons à Ledar en fin de matinée pour le déjeuner. L'étape a été courte mais elle n'a pas été très agréable en ce qui me concerne car je commence à ressentir un léger mal à la tête.

La lodge est identiques aux précédentes, avec des chambres doubles, les toilettes dehors et une salle commune avec un poelle. L'après-midi se passe à lire pour certains, à taper le carton pour d'autres (ce que font les porteurs et Dorjee) ou à se reposer. La neige s'intensifie et commence à rester au sol. Cela nous inquiète pour le passage du col dans deux jours mais Dorjee est pour l'instant confiant.

Vendredi 3 novembre: de Leda à Thorung Phedi.

+230 m / -25 m

Le paracétamol a fait effet car je n'ai plus mal à la tête. Au matin toute la montagne à revêtu son manteau hivernal de neige et le ciel bleu refait son apparition. La couche de neige est faible avec quelques centimètres uniquement et ne gêne pas pour monter à Thorung Phedi. Le temps change rapidement et devient franchement mauvais. Nous arrivons à Thorung Phedi (4450 m) tôt après pas tout à fait trois heures de marche. La neige se remet à tomber. Malgré cette neige, nous sommes un petit groupe à repartir l'après-midi pour un aller – retour en direction du col pour parfaire notre acclimatation. Dorjee nous accompagne ainsi que deux sherpas. Dans la monté nous avons la surprise de croiser des gros oiseaux qui ressemblent à des perdrix. Au-dessus de Thorung Phedi quelques courageux ont installé leurs tentes. L'objectif inavoué de l'après-midi était de dépasser l'altitude du Mont Blanc, ce que nous avons fait sans difficulté car nous nous sommes arrêtés à High Camp à moins de 5000 mètres au. Le camp est constitué de quelques lodges et nous en profitons pour nous réchauffer dans l'un deux et prendre un thé. Puis nous redescendons, en espérant que la météo va s'améliorer le lendemain. La bonne nouvelle est que jusqu'au camp de base il n'y a pas de neige.

Au retour à la lodge comme il est seize heures nous reprenons du thé accompagné cette fois de petits gâteaux. La lodge est encore une fois confortable avec des chambres doubles avec des WC à l'intérieur et une confortable salle commune. Il y a de l'électricité qui est fournit par une micro centrale hydroélectrique et des panneaux solaires. La salle commune est bien chauffée et bien isolée avec des doubles fenêtres. L'ambiance musicale est moins zen qu'à Manang puisque nous avons droit à du rock aux guitares électriques saturées avec par exemple les Foofighter. Jusqu'ici tout le monde a l'air en forme et semble bien adapté à l'altitude, avec quelques légers maux de têtes pour certains.

Samedi 4 novembre: de Thorung Phedi à Muktinath

+905 m / -1720 m

Nous nous levons tôt à quatre heures du matin. La nuit a été agréable et je n'ai pas eu froid dans mon duvet. Par contre la sortie du duvet est difficile. J'avais laissé mes vêtements dans le duvet la nuit aussi je n'ai pas trop froid une fois habillé. Bonne nouvelle: il n'a pas neigé cette nuit. Après un petit-déjeuner à base de chapatis et d'une fine omelette arrosé de thé, nous partons à la frontale. Les porteurs sont comme d'habitudes partis avant nous. Le ciel est entièrement dégagé et constellé d'étoiles. La montée à High Camp se fait à tout petit rythme (bistaré !) avec des arrêts fréquents, tous groupés. Nous apercevons devant et derrière nous quelques lumières de frontales. Il fait froid au début, mais la montée réchauffe rapidement et permet de commencer à enlever quelques couches de vêtements. Nous arrivons à High Camp au lever du soleil. La neige est présente mais en faible quantité, à peine quelques centimètres. Le reste de la montée au col est moins difficile mais longue. Vers 5000 mètres d'altitude nous faisons une pause à un tea shop où nous prenons un thé chaud. Nous croisons plusieurs fois des chevaux qui peuvent être loués pour passer le col. La neige est présente partout sous un superbe ciel bleu et le vent est quasi absent. Ces conditions optimales permettent d'admirer le panorama. Tant que l'on marche lentement et régulièrement tout va bien et il n'y a aucune sensation d'étouffement ou de manque d'air. Par contre la moindre accélération de rythme se traduit par un essoufflement rapide et une accélération du rythme cardiaque. Heureusement Dorjee et nos sherpa nous encadrent et nous obligent à marcher régulièrement et doucement. Dans la montée nous rattrapons un de nos porteurs qui est essoufflé: un de nos sherpas le soulage de sa charge jusqu'au col.

Nous arrivons tous au col sans grande difficulté environ trois heures après être parti de High Camp. D'après Dorjee il arrive fréquemment que dans un groupe un marcheur doit être porté pour passer le col. Au col sans surprise se trouve un tea shop dans lequel nous rentrons nous réchauffer avec du thé. Le col est marqué par une plaque décorée de nombreux drapeaux à prières. Une agréable surprise m'attend: le drapeau occitan accompagne les drapeaux à prières ! Nous faisons de nombreuse photos de groupe au col avec Dorjee et les sherpas. Le temps est toujours magnifique et le vent très faible. Tout le monde en profite au col. Le chocolat sort des sacs et est distribué, ainsi qu'une flasque de génépi. Les bonnes choses ont quand même une fin et nous attaquons la descente. Le groupe se disloque et les sherpas font les serre-files. Le sentier est un peu enneigé avec parfois des fines plaques de glace en-dessous.

Dans la descente nous admirons la vue sur le début de la vallée du Mustang. Ce paysage est très aride avec des dominantes de bruns et d'ocres. Des parcelles de cultures en étages permettent au népalais de cultiver des pommes de terre et de l'orge. Au printemps la région verdit et devient un véritable oasis. Nous apercevons aussi au loin et entre les nuages le Dhaulagiri (8167 m). Dans la descente nous faisons une pause pique-nique vers midi. C'est d'ailleurs la seule et unique fois que nous n'aurons pas un déjeuner chaud.

Nous arrivons à Muktinath (3760 m) à quinze heures. Nos porteurs sont déjà arrivé, et certains depuis très longtemps: ils sont partis vers quatre heures trente et le premier est arrivé à neuf heures ! Muktinath est important avec une large avenue en terre battue. Nous y retrouvons quelques motos mais pas de bus ni de camionnettes. Dans l'avenue des népalaises ont de petits étals avec des moulins à prières, des bijoux et des étoffes. A la lodge la douche chaude est la bienvenue après trois jours sans le laver complètement. Dans la salle commune nous prenons l'apéritif avec toute l'équipe népalaise. Cette fois il n'y a pas de jus d'orange chaud mais du marpha (du brandy au pomme à 25°) et du whisky que nos porteurs apprécient particulièrement. Les tables sont recouvertes d'une très large nappe qui retombe au sol, et sous les tables des braises sont déposées pour réchauffer les pieds. En attendant le repas le sirdar et un sherpa poussent la chansonnette avec un tambour en accompagnement. La soirée se termine agréablement après cette superbe journée et le passage du Thorong La.

Dimanche 5 novembre: de Muktinath à Jomoson

+215 m / -1100 m

Dès le lever en sortant des chambres nous avons une vue magnifique sur le Dhaulagiri. Au petit-déjeuner nous avons du thé noir, des pancakes arrosés de miel et de la tsampa. Dorjee nous explique comment la préparer: on ajoute peu à peu du thé à la tsampa jusqu'à obtenir une pâte consistante que l'on coupe en morceaux pour la manger. On peut aussi ajouter du sucre et du beurre de yack. Les tibétains préparent la tsampa le matin puis en mangent toute la journée.

De Muktinath nous suivons un large chemin de terre battue en légère descente avec sur notre droite la vallée du Mustang. Le le paysage change par rapport à la vallée de Manang. Comme autour de Manang la vallée est très aride mais elle est beaucoup plus ouverte. Dans les hameaux que nous traversons nous trouvons des étals avec quelques bijoux, de nombreuses écharpes et plaids, avec à côté une népalaise et son métier à tisser. Les hameaux sont de véritables petits oasis. Sur les toits des maisons sont stockés du bois et parfois de la paille. Des bouses de yack y sèchent aussi et serviront de combustible pour l'hiver. Plus surprenant, de petites paraboles métalliques avec une bouilloire au foyer servent de chauffes-eau solaires. La descente est douce et quelques rares motos nous dépassent.

Juste après une courte pause pour admirer le Dhaulagiri et voir passer un petit troupeau de yacks, nous découvrons au dernier moment Kagbeni (2800 m) que nous surplombons d'une centaine de mètres environ. Kagbeni est coincé au croisement de la Jhong Kh. et de la Kali Gandaki Nadi. C'est la porte d'entrée de la vallée du Mustang. Pour avoir le droit de marcher dans cette vallée il faut s'acquitter d'un permis de treck d'environ 500 dollars US. Une pancarte et un poste de soldats rappellent cette nécessité. La Kali Gandaki est nichée dans une large vallée glacière. Nous la longeons sur sa rive gauche. Elle se découpe en plusieurs petits bras séparés par des plages de galets. Nous arrivons en fin de matinée à Ekle Bhatti (2740 m) où nous déjeunons (jus d'orange chaud, galette tibétaine et bacon, une barre de chocolat et du thé noir pour termine).

Cette matinée a été très agréable. Nous avons chacun marché à notre rythme, nous arrêtant quand nous voulions pour faire des photos ou quelques achats dans les échoppes rencontrées. Comme d'habitude les sherpas ont continuer à jouer les bergers et se sont séparés pour suivre tous les sous groupes. Des haltes régulières ont permis de reformer le groupe. L'après-midi est très différent de la matinée. Au déjeuner le vent s'est levé. Il souffle tout l'après-midi assez fort et de face, soulevant de nombreux nuages de poussières. Les lunettes de soleil et le foulard sur le nez et la bouche sont alors très utiles. A cause de ce vent très désagréable nous n'avons qu'une envie: arriver à Jomoson au plus tôt. Du coup le rythme de la marche est plus soutenu que celui du matin. Quelques fois quand le vent le permet nous jetons des coups d'oeil au Tilicho Peak (7134m) et au Nilgiri Nord (7961 m) à sa droite. Nous arrivons à Jomoson (2720 m) vers quinze heures.

Jomoson est la plus grande ville que nous avons traversé depuis notre départ de Katmandou. On y trouve un aéroport, un poste de contrôle pour les permis de trek, une école militaire, des garnisons militaires et des commerces. La ville s'étale tout en longueur avec une rue centrale dallée de pierres sur la plus grande partie. Nous logeons dans un hôtel joliment décoré avec des chambres doubles et pour chaque chambre une vraie salle de bain attenante. Patrick et Philippe ont même une baignoire dans leur salle de bains. Un tel luxe est très agréable. De plus à l'étage une salle avec une longue baie vitrée permet d'admirer au chaud le Tilicho Peak et le Niligiri, ce dont je ne me prive pas jusqu'au coucher du soleil.

Lundi 6 novembre: de Jomoson à Kalapani

+235 m / -1455 m

Au départ de l'hôtel nous recevons tous, sherpas et porteurs compris, la traditionnelle écharpe blanche porte bonheur. Dès le départ nous croisons des motos et des convois de mules. La vallée est toujours très large avec la Kali Gandaki serpentant dans la grande prairie de galets. Des avions nous survolent régulièrement. Nous avons parfois le réflexe de nous jeter au sol tant certains avions semblent voler bas. La fatigue accumulée et le passage du col commencent à faire des des dégâts dans le groupe: toux sèches, maux de pieds ou « tourista ». Le groupe se disloque au fur et à mesure. Nous rattrapons un troupeau d'une cinquantaine de brebis. Les bergers sont au nombre de deux. Ils n'ont pas de chien et guident le troupeau en lançant des cailloux. Arrivés à Marpha (2670 m) nous faisons une longue pause pour déambuler dans cet agréable village ou faire quelques achats et surtout reconstituer le groupe. Marpha est la capitale de la pomme au Népal. C'est une très joli village avec l'habituelle rue centrale dallée. Après Marpha le groupe se disloque à nouveau. Dans mon sous-groupe nous avons un gros doute car nous craignons d'avoir raté et dépassé l'étape de mi-journée. Pire, les sherpas connaissent le chemin mais pas le nom du village où nous devons déjeuner ! Heureusement tout se termine bien et nous retrouvons le reste du groupe à Kobang (2560 m). Dorjee avait oublié ce matin de nous prévenir de la longueur inhabituelle de l'étape du matin, avec plus de quatre heure de marche.

Dans l'après-midi le vent continue à souffler de face. Scène surréaliste nous tombons sur le tournage d'un film. L'après-midi se déroule difficilement pour moi, maux de ventre oblige. Quelques gouttes de pluie nous incitent à sortir pour la première fois nos capes de pluie. Est-ce l'effet de la fatigue, du vent désagréable ou de l'absence de vue sur les hauts sommets, mais cette étape est pour l'instant la plus monotone et la moins intéressante.

Mardi 7 mai: de Kalapani à Tatopani

+235 m / -1455 m

Une longue étape de descente nous attend aujourd'hui. Au matin des nuages cachent les sommets, et le Dhaulagiri est invisible. Au départ nous recevons en cadeau les traditionnelles écharpes blanches. Au début de la journée les paysages sont alpins avec des conifères sur les pentes surplombants la Kali Gandaki. La vallée n'est plus large et est devenue profonde et encaissée. Nous traversons de nombreux ponts suspendus. Au fur et à mesure de la descente des arbres feuillus apparaissent et le temps se couvre. La pluie s'invite avant la pause déjeuner. D'abord timide elle se transforme et devient plus violente avec de grosses gouttes. Les premiers arrivent à Rukse Chhahar (1630 m), étape de mi-journée, à peine mouillés alors que les derniers ont eu moins de chance. Pendant le déjeuner une très grande chute d'eau offrirait une très belle vue si la météo était plus clémente.

A la reprise la pluie se calme. Nous rencontrons de nombreux convois de mules, des porteurs et quelques petits groupes de trekkeurs. Le paysage se transforme: d'alpin il devient tropical. Les plantations deviennent de plus en plus nombreuses et les rizières étagées, les bananiers et les orangers réapparaissent. Nous découvrons même une variété de tomates qui pousse dans un arbre !

Nous arrivons à Tatopani (1190 m) vers seize heures. Tatopani doit son nom à des sources d'eau chaude. Deux bassins à des températures différentes sont disponibles, monnayant 20 roupies népalaises par personne. Les plus courageux vont faire trempette. Pour ma part je préfère me reposer dans ma chambre. Le regret de la journée a été de ne pas avoir bien vu l'Annapurna I: nous ne l'avons entre aperçu que quelques secondes avant qu'il ne soit caché par les nuages.

Mercredi 8 novembre: de Tatopani à Ghorepani

+1830 m / -235 m

La nuit a été agréablement douce et réparatrice. Mais nous avons une mauvaise nouvelle: Paul est atteint d'une grosse tourista et de maux de pieds et préfère nous quitter pour éviter la longue montée à Ghorepani suivie le lendemain par l'équivalent en descente. Avec son épouse Yvette il va suivre la Kali Gandaki jusqu'à Beni pour ensuite prendre le bus et nous rejoindre à Birethanti demain. Un porteur et Milan, le sherpa le plus gentil et attentionné de tous, les accompagnent. La météo s'est remise au beau aujourd'hui. Au début de la matinée nous faisons route tous ensembles. Au passage de deux ponts suspendus nous sommes arrêtés par un embouteillage ! De nombreux convois de mules et des groupes de trekkeur bouchent l'accès aux passerelles. Après un gros quart d'heure d'attente nous arrivons enfin à traverser. Puis c'est la séparation avec Paul et Yvette: ils continuent au sud ouest en suivant la Kali Gandaki alors que nous allons au sud est suivre la Ghar Khola.

La très longue montée à Ghorepani commence. Dès le début la montée est sévère mais heureusement pas trop longue. Après rentrons ensuite dans une vallée magnifique avec de nombreuses rizières en étages. De nombreuses népalaises battent le riz et font sécher au soleil les céréales. Le sentier est une succession de montées et de faux-plats. Les montées sont constituées très souvent d'escaliers en pierres avec des marches de hauteurs irrégulières. Nous déjeunons à Shikka (1935 m) au soleil sur la terrasse d'une lodge avec une vue majestueuse sur le Dhaulagiri. Puis nous repartons pour Ghorepani (2860 m). Le groupe se disloque et je monte entre deux sous groupes. La montée devient interminable, toujours avec des escaliers de pierre, et à l'ombre d'arbres. Je termine la montée à l'arrache et rentre directement dans mon duvet dès l'arrivée à la lodge sans passer par la pause thé de fin d'après-midi. Je ne fais qu'une courte sortie de mon duvet pour le dîner. C'est pour moi l'étape la plus difficile physiquement. Mais l'étape est quand même belle avec la vallée de la Ghar Khola et la vue sur le Dhaulagiri.

Jeudi 9 novembre: de Ghorepani à Birethanti

+185 m / -1930 m

Le réveil est à quatre heure trente pour partir cinq heures pour monter à Poon Hill (3193 m) et voir le lever du soleil sur le Dhaulagiri et les Annapurna, le tout sans avoir petit déjeuner. Vu mon état de fatigue le mercredi, j'avais prévenu le guide que je ne ferai pas cet aller-retour pour continuer à dormir jusqu'à leur retour de Poon Hill. A mon réveil j'ai quand même une très belle vue sur les pics himalayens. J'attends dans la salle commune le groupe qui arrive vers sept heures. Les avis sont partagés: certains ont aimé leur escapade matinale et le lever de soleil, d'autres affirment que la vue n'étaient pas meilleure que depuis la lodge, mais peut-être est-ce dû à la demi-heure d'attente au sommet dans le froid.

Après le petit-déjeuner nous attaquons la longue descente vers Birethanti. Au début nous sommes dans un sous-bois agréable avec parfois quelques marches de pierres. Puis nous sortons de la forêt. Le paysage ressemble à celui de nos moyennes montagnes, les rizières et parfois les hauts sommets enneigés en plus. Nous croisons de nombreux petits groupes de trekkeurs qui montent à Ghorepani. Nous trouvons aussi quelques plants de chanvre indien: le Népal et la Katmandou des années soixante existent encore ! Avant d'arriver à la pause déjeuner à Tikhedhungga (1540 m) le sentier fait place à une succession d'escaliers en pierres. La descente devient pénible pour les genoux et les bâtons de marche sont les bienvenus.

Après le repas nous faisons une courte sieste pour récupérer. Puis la descente reprend, plus calme qu'avant la pause déjeuner avec moins d'escaliers. Nous atteignons rapidement le niveau de la Bhurungar Khola. Avant d'arriver à l'étape du jour nous avons l'agréable surprise de retrouver Paul et Yvette qui sont montés à notre rencontre depuis Birenthanti. La dernière surprise de la journée est un point de contrôle maoïste. L'accueil est convivial avec de nombreuses photos et un chant improvisé de « L'Internationale ». Nous arrivons tranquillement à Birethanti qui est la dernière étape de notre trek. De la lodge nous avons une très belle vue sur le Machhapuchhre (6997 m). Ce pic est très impressionnant car c'est une pointe verticale très effilée. Une expédition a essayé de le gravir mais seul le cuisinier est revenu et depuis son ascension est interdite.

Après le dîner une petite fête s'improvise avec toute l'équipe. Nous goûtons à l'alcool local: le tchang. Les porteurs, népalais et notre cuisinier dansent sur de la musique moderne asiatique dans l'espace exigu de la salle commune de la lodge, accompagnés parfois de l'un de nous. Puis nous distribuons des pourboires à toute l'équipe ainsi que quelques cadeaux constitués d'affaires de marche. Je monte me coucher vers vingt-deux heures alors que la fête continue.

Vendredi 10 novembre: retour à Katmandou

Nous nous levons à six heures trente. Pour la dernière fois nous donnons nos sacs à nos porteurs. Après le petit-déjeuner nous marchons une petite demi-heure avant de rejoindre le bus qui nous conduira à Pokhara. La majorité des porteurs nous accompagnent dans le bus, alors que le sirdar et les sherpas rentrent directement à Kathmandou. Nous retrouvons le monde moderne. En chemin nous faisons une halte pour admirer une dernière fois les Annapurna IV et II et le Machhapuchhre. De tous les sommets que nous avons vu, mon coeur balance entre l'impressionnant et massif Dhaulagiri d'une part, et l'élégant Machhapuchhre. Il nous faut environ deux heures pour arriver à Pokhara.

A Pokhara ce sont les adieux avec les porteurs nous quittent et seul Dorjee reste avec nous. Nous faisons quelques emplettes et une courte promenade près du lac Phawa Tal avant de déjeuner dans un restaurant typiquement anglais. Puis nous partons en bus pour aller à l'aéroport. L'enregistrement est artisanal mais efficace: les billets de vol ne sont pas nominatifs, nos bagages sont pesés puis fouillés manuellement. Le passage dans le hall d'embarquement est tout aussi inhabituel avec une fouille au corps à la place du passage sous le portique de sécurité. Après un rapide vol nous arrivons à Katmandou où nous retrouvons notre hôtel, quittés il y a plus de quinze jours.

   © 2006 Sylvain Garcés • me contacter